Lyon (69) Affirmer de nouvelles orientations dans les espaces verts
Comme de nombreuses villes en France, Lyon a changé d’équipe municipale en 2020. Les nouveaux élus veulent apporter une nouvelle approche qui se ressent d’ores et déjà dans certains quartiers...
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Imprimer vite son empreinte lorsqu’on arrive aux affaires est important. L’équipe municipale élue par les Lyonnais en 2020 est arrivée avec des idées neuves sur de nombreux points. Les espaces verts n’y échappent pas : la volonté est de créer des îlots de fraîcheur, de rendre les sols plus perméables, etc. Cette orientation fait partie du plan « Arbres » de la Ville. Trois de ces nouveaux axes ont été présentés de manière concrète lors d’une journée technique organisée conjointement par la plateforme locale Echos Paysage et Plante & Cité, en octobre.
La place du végétal dans le projet est parfaitement illustrée dans la zone de la Part-Dieu, le second quartier tertiaire français et pôle d’échanges multimodal (dans le 3e arrondissement) et tout spécifiquement place de Francfort.
Face à la gare SNCF, cette zone d’environ 3 000 m² était occupée par un parking imperméabilisé en enrobé (50 % de la surface pour les voitures, 50 % pour les bus). L’objectif du réaménagement est multiple :
- favoriser et faciliter le trafic piéton, évalué à 30 000 personnes par jour ;
- désimperméabiliser la surface ;
- créer un îlot de fraîcheur au moyen de la plantation d’arbres.
Créer des îlots de fraîcheur
La végétalisation se traduit par une plantation dense de 93 arbres tiges. Quatre espèces – Ginkgo, Pyrus, Gleditsia, Cedrus – sont plantées tous les cinq mètres dans les deux sens pour obtenir rapidement une canopée continue. L’endroit a été entièrement décaissé afin de créer une unique fosse de plantation continue de 3 000 m3 de mélange terre-pierres.
Le revêtement de surface est constitué de pavés avec joints drainants posés sur une grave drainante. L’eau passant à travers ces différentes couches va ensuite soit alimenter les arbres, soit rejoindre la nappe phréatique à quatre mètres de profondeur. En cas de défaillance de la fonction drainante des joints, des grilles de récupération des eaux ont été prévues en partie basse. L’eau est ensuite redirigée, via des drains, vers le mélange terre-pierres (aucun surplus envoyé vers les réseaux). Ces grilles recueillent aussi les eaux pluviales de la gare routière contiguë à la place. Après différents tests, les pavés de granit ont été préférés. Ce minéral n’aggrave pas le phénomène d’îlot de chaleur. En effet, par rapport aux enrobés, il monte moins haut en température et refroidit plus vite. Entre les deux il a été constaté jusqu’à 20 °C de différence.
Afin de ne pas entraver la circulation piétonne et augmenter la surface « marchable », les entourages d’arbres ont été réduits au maximum. Pour ce faire, une technique peu conventionnelle a été employée ici. Le collet des arbres est situé 50 cm sous le niveau des pavés, et ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la motte a pu être directement implantée au cœur du mélange terre-pierres, moins desséchant qu’en surface. Cette technique a également offert la possibilité de poser la grave et les pavés au plus près du tronc. Son intention est d’éviter les dégâts au revêtement occasionnés par les racines au fur et à mesure de leur croissance. Mais elle nécessite la création d’un volume d’échange d’air grâce aux pierres le long du tronc entre le collet et la surface du sol.
Vers une « ville comestible »
Cette orientation est bien visible dans le plan « Vergers et forêts comestibles », dans le quartier de la Buire (3e arrondissement). Un des objectifs des nouveaux élus municipaux de 2020 est de créer un verger chaque année dans tous les arrondissements, soit neuf par an. Chaque projet est fonction des contraintes rencontrées sur le terrain : surfaces disponibles et qualité des sols. Après analyse, le verger est implanté uniquement si le terrain est compatible avec une production comestible. La finalité est avant tout pédagogique, aussi chaque verger est-il rattaché à une école. La Ville se charge des plantations et du suivi des premières années, puis des associations de citoyens sont censées prendre le relais.
La principale difficulté est la recherche du foncier, de trouver des sites si possible déjà protégés par des clôtures et où la terre n’est pas polluée. Là où le projet évoluait vers une plantation en pots, il a été annulé.
Le choix des espèces et variétés se fait en lien avec le CRBA* (au minimum 50 % de variétés patrimoniales locales) et avec l’association Arthropologia pour tout ce qui concerne les associations de flore entre strate arbustive et couvre-sol pour favoriser pollinisateurs et auxiliaires. À côté de ce verger du 3e arrondissement, une seconde tranche devrait voir le jour rapidement, avec une palette végétale de plants forestiers comestibles.
Apaiser l’abord des écoles et crèches
Les participants à la journée Echos Paysage ont visité le projet « La rue des enfants », où l’apaisement des abords des écoles et des crèches se fait en intégrant la végétalisation à la sécurisation et à la piétonnisation des espaces publics, dans les quartiers Jean-Macé et de la Guillotière (7e arrondissement).
La rue Saint-Michel fait partie des neuf artères bordant des écoles piétonnisées dès septembre 2020. Cet axe est ensuite resté en l’état quelques mois, le temps d’un travail commun entre les services techniques de la Ville, les élèves et équipes enseignantes pour aboutir à un projet de rue apaisée sans circulation automobile, en dehors d’un accès aux véhicules de secours. Les travaux ont été réalisés durant l’été dernier, les plantations sont prévues à l’automne avec les élèves. Les ouvrages sur la voirie sont pris en charge par la Métropole, les espaces verts par la Ville, pour un budget total de 250 000 €. Les trottoirs étroits ont laissé place à une large allée piétonne, quelques dispositifs de jeux naturels ont été intégrés pour faciliter l’appropriation de l’espace par les enfants et les familles. Le plan Vigipirate impose toutefois une absence de végétation dans un rayon de dix mètres autour des accès aux bâtiments scolaires et des plots de sécurisation à l’entrée de la rue. Si l’intervalle entre chacun d’eux a été prévu pour laisser le passage aux poussettes, les deux-roues peuvent aisément les franchir... Des problèmes de vitesse excessive ont été signalés par les riverains.
Il est prévu de piétonniser neuf abords d’écoles par an pendant toute la durée du mandat (un par arrondissement), ce qui implique donc de sécuriser les entrées et sorties des élèves, de donner une forte priorité à la végétation, de favoriser piétons comme cyclistes. Depuis septembre 2020, plus de 6 500 enfants ont bénéficié directement des aménagements réalisés.
Claude Thiery*Centre de ressources de botanique appliquée (base de données Horti-Lyon).
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